dimanche 13 novembre 2011

Le retour

J'écrivais il y a une semaine qu'il m'était impossible de conclure alors que j'avais encore les deux pieds et la tête en Afrique du Sud. Une semaine après avoir atterri, ce n'est pas beaucoup plus facile. Peut être n'y a-t-il pas de conclusion à ce genre de voyage.
Quelques informations factuelles et néanmoins significatives. D'abord pour la partie vélo, j'ai donc parcouru, 10 158 km en 142 journées. Par pays :
- en Nouvelle Zélande : 35 journées de vélo, 2 505 km, en moyenne 72 km par jour
- au Vietnam : 27 journées de vélo, 2 243 km, en moyenne 83 km par jour
- au Canada et aux USA : 65 journées de vélo, 4 386 km, en moyenne 71 km par jour
- en Afrique du Sud : 15 journées de vélo, 1 024 km, en moyenne 68 km par jour
Je trouvais la Nouvelle Zélande très exigeante physiquement, mais je crois que l'Afrique du Sud l'est encore plus.
Ensuite un autre chiffre, qui m'impressionne au moins autant que le total des kilomètres, celui du nombre de consultations de mon blog : 14 460 pages vues à ce jour. C'était très important pour moi de partager ce voyage. Cela me fait très plaisir de voir que j'ai pu faire passer un peu de mon aventure à mes lecteurs.
Quelles sont mes impressions ces derniers jours ?
Premièrement, après une journée de visite et de préparation de voyage du retour (rendre la voiture de location, emballer Xena...) bien chargée, j'ai réalisé dans la salle d'embarquement de l'aéroport de Johannesburg que le voyage était cette fois définitivement terminé, ce qui m'a occasionné un léger coup de blues.
Deuxièmement, quand j'ai commencé à marcher dans l'aéroport de Francfort, j'ai eu le sentiment extrêmement bizarre d'être partie la veille.
Troisièmement, quand je me suis réveillée mardi, j'ai eu l'impression que tout cela n'avait eu que la durée d'un rêve.
Depuis, les choses se mettent peu à peu en place. Mais je dois dire que la meilleure description que je peux donner de ce que je ressens, c'est : bizarre.
J'ai commencé à ranger mes affaires de voyage, voici les souvenirs matériels que j'ai rapportés. Le reste, ce sont des photos, un journal de bord, quelques habits que j'ai acheté pour en remplacer d'autres, des tampons dans mon passeport et tout ce qui est gravé dans ma mémoire. Il y a aussi, mais cela, ce ne sont pas que des souvenirs, toutes les belles rencontres que j'ai faites et les nouveaux amis qui sont dans mon coeur. C'est le plus important, avec le plaisir de retrouver ma famille et mes amis d'ici.

jeudi 3 novembre 2011

5 jours dans le Parc National Kruger

Je me suis fait plaisir pour la fin de mon voyage. Enfin bon, ça fait un moment que je me fais plaisir. Je vais donc écrire que je me suis fait très plaisir. Comme j'ai bien tenu mon budget jusque là, et malgré la location de la voiture, il me restait un peu d'argent pour visiter confortablement le parc le plus célèbre d'Afrique du Sud. Le parc, qui est plus grand que Israël, comporte douze "camps" dans lesquels on trouve de quoi se loger - du camping au bungalow avec cuisine individuelle -, un restaurant et un magasin. J'ai donc traversé le parc, du sud au nord, en allant de camp en camp.
Le jeu consiste à voir les animaux. Pour cela il faut les chercher. Des plans indiquent tous les jours où les animaux les plus populaires ont été vus, ensuite c'est le feeling. Dans la partie sud du parc, il y a beaucoup d'animaux, et il ne faut pas se donner beaucoup de mal pour trouver des zèbres, des girafes, des éléphants, des buffles, des centaines d'impalas. Les lions ne sont pas trop difficiles à trouver non plus. Les traces laissées par les grands animaux sont de vraies autoroutes, pas difficile de les repérer (les problèmes commencent quand on arrive à la fin du chemin). En revanche, pour les guépards et les léopards, il faut avoir de la chance, que je n'ai pas eu. J'ai pourtant tout essayé : la marche matinale, la sortie de nuit (véhicule) et la sortie au petit matin (véhicule). Néanmoins, j'ai pu voir des hyènes, un porc-épic, une civette africaine et des oiseaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs.
Ce qui est fantastique, c'est que l'on peut voir les animaux de très près. Ils sont parfois au bord de la route (ou de la piste), voire sur la route.
Ce qui est énervant, c'est le monstrueux égoïsme de certains, qui stationnent devant les lions, bloquant la vue pour les autres, et qui restent là sans bouger pendant dix, quinze minutes. Or un lion qui dort ne bouge vraiment pas beaucoup. Heureusement, j'avais pu prendre toutes les photos que je voulais à la réserve Schotia. Et heureusement, encore, ce n'est pas à chaque fois comme ça.
J'ai beaucoup aimé la "Morning Walk", qui consiste à suivre deux rangers (armés) dans le bush en petit groupe. Nous avons vu des hippos, deux éléphants - les voir à pied, c'est quelque chose - et nous avons entendu au loin un lion.
Je me suis rendue compte que je peux observer les éléphants pendant des heures, plus que tous les autres animaux.
Pour ce qui est des camps, ils sont clôturés et complètement fermés la nuit. De sorte que ce sont les humains qui sont en cage. J'ai logé dans des bungalows, et j'ai même bénéficié d'un bungalow de luxe pour deux nuits, suite à une erreur de réservation d'une employée du parc. C'est bien quand ça arrive...
J'ai aussi bénéficié d'un jour de pluie, et je peux dire que quand il pleut, on ne voit pas grand chose. Eh oui, l'été, sous le tropique du Capricorne, c'est la saison de la pluie. J'ai presque eu
froid - non, j'exagère, j'ai seulement eu besoin d'enfiler des soquettes.
Et voilà, dans quarante-huit heures, je serai à l'aéroport de Johannesburg, en train d'enregistrer bagages et vélo. Je pensais écrire
des mots de conclusion aujourd'hui et je me rends compte que j'en suis incapable à ce stade. Il faudra attendre que j'ai remis les pieds en Europe. Ce que je sais déjà, c'est que je suis contente de rentrer. Ce voyage a tenu toutes ses promesses et bien plus. Ce que je sais aussi, c'est que je veux remercier tous les fabriquants de matériel, ceux qui font de l'excellent matériel, du genre "un vélo qui fait plus de 10 000 km avec pour seul problème, trois rayons cassés" (Gudenreit). Du genre "des pneus magiques, qui font que je n'ai eu AUCUN pneu crevé" (Schwalbe Marathon plus - c'est bien dommage que la fabrication ait cessé, mais je comprends que commercialement, cela ne soit pas rentable). Du genre "des sacoches de vélo qui reviennent en aussi bon état que quand elles sont parties" (Ortlieb et Vaude). Et je tiens aussi, tout particulièrement, à remercier tous ceux qui travaillent à la construction et à la réfection des routes, dans tous les pays du monde ; je sais plus qu'avant à quel point ces métiers sont difficiles. Les gri-gris sont toujours là, ils reviennent avec moi en Alsace.

jeudi 27 octobre 2011

"Rempart de lances"

C'est le nom zulu des montagnes que les Afrikaans ont par la suite nommées "Drakensberg" ou "montagnes du dragon". Situées, grosso modo, à quatre cent kilomètres au sud de Johannesburg, elles forment la frontière avec le Lesotho. L'occasion pour moi de faire une randonnée pour aller observer les montagnes et leurs abords par le haut. Six cent mètres de dénivelé à pied pour pique-niquer à 3121 m d'altitude. Et pour les deux mille cinq cents mètres précédents, une petite camionnette. C'est de là aussi que l'on peut observer les Tugela Falls, les deuxième plus hautes chutes d'eau du monde. Elles sont peut être hautes, mais le débit était très réduit ce jour-là. Je ne suis même pas sûre que les quelques gouttes d'eau du sommet (le ruisseau à gauche) arrivent au pied de la montagne, mille mètres plus bas. Ce qui est sûr, c'est que tous les marcheurs étaient tôt au lit ce soir là, même les deux courageuses Allemandes qui se sont baignées.
Le lendemain, j'ai pu aller faire un tour au Lesotho. Toujours dans la petite camionnette. Passée la frontière, à environ deux mille mètres d'altitude, la route se transforme très vite en piste défoncée et les véhicules motorisés disparaissent presque complètement. Le Lesotho est l'un des trois pays les plus pauvres du monde. Ce que j'en ai vu, c'est un village situé dans un panorama superbe. C'était samedi, jour sans école, les enfants étaient présents à chaque coin de chemin. Très favorables aux photos. Accompagné par notre guide, le groupe dont je faisais partie a pu tester la bière "faite maison" (je ne vais pas me battre pour en boire à nouveau), la seule bière brassée au Lesotho et un exemple de repas local (semoule de maïs et "épinard"). Nous avons pu discuter avec une des guérisseuses du village, dans sa petite maison. Au mur étaient accrochés, soigneusement encadrés, deux certificats de naissance. Ce qui m'a surprise : le calme. Pas de moteur = pas de bruit. Néanmoins, les soucis des habitants ne sont pas cachés : la pauvreté, la première clinique à quarante-cinq minutes (de voiture), fermée le week end, l'école - qui est entretenue par la communauté et les donations, et non par le gouvernement -, le collège à deux heures de marche. Il y a aussi quelques peintures préhistoriques qui ont été dégradées par des villageois malveillants et le guide qui ferme soigneusement la camionnette à chaque fois que nous nous en éloignons.
Après une journée de repos, j'ai pris la route pour rejoindre, une dernière fois, la côte. J'ai fait étape à St Lucia, à environ cent cinquante kilomètres de la frontière du Mozambique, afin d'aller dans le iSimangaliso Wetlands Park et d'y observer des hippopotames. En supplément, un superbe kudu a bien voulu poser pour les visiteurs.
Lors des mes longues étapes en voiture, j'écoute SA FM, un genre de France Inter sud-africain. C'est très instructif. Tous les sujets de société sont abordés et la parole est largement laissée aux auditeurs. Je dirais que la quantité et la gravité des problèmes auxquels les sud-africains sont confrontés est impressionnante, mais une chose est sûre : ils parlent de tout sans se voiler la face.

jeudi 20 octobre 2011

Des montagnes, des montagnes et encore des montagnes

Tout d'abord merci pour tous les mots d'encouragement. Après dix jours de voiture, je ne regrette toujours pas mon choix. Il m'a fallu une semaine sans effort physique et avec beaucoup de repos pour commencer à me sentir reposée. De plus, j'ai choisi d'aller dans les montagnes, ce que je n'aurais pas pu faire à vélo (ou alors il me fallait quelques mois supplémentaires). Et des montagnes, en Afrique du Sud, il y en a beaucoup.
J'avais terminé mon message précédent à Nieu Bethesda. Encore quelques mots à propos de ce village de bout de piste. On y trouve la maison de Helen Martin, artiste autodidacte qui a passé de nombreuses années à décorer sa maison dans un style très personnel. Certains appellent cela de l'art brut. J'ai trouvé cette maison très intéressante.
J'ai passé ensuite une demi-journée dans le Moutain Zebra National Park. Très beau parc, très peu fréquenté car hors des sentiers battus. J'ai pu aller à la chasse aux photos et j'aime beaucoup cela. Avec la pratique, je commence à repérer des animaux bien cachés. D'autres prennent la pose pour les visiteurs.
En allant dans la direction du Lesotho, je me suis arrêtée dans le petit village de Lady Grey. Le vieux monsieur propriétaire du Backpacker très rustique dans lequel j'ai logé m'a conseillé de monter au Jouberts Pass. Pour atteindre ce col, à 1990 m d'altitude, la piste est très raide par endroits. Et ma petite voiture de location a été bien brave de me mener jusqu'au sommet. Le lendemain, c'était reparti pour une longue section de piste. Je suis allée visiter un minuscule village nommé Rhodes, classé monument national. Ce qui veut dire qu'il est à peu près dans l'état dans lequel il était à la fin du XIXème siècle, lors de sa fondation. Le village en lui même est joli, mais ce sont surtout les paysages environnant qui sont à couper le souffle. La descente du Barkly Pass vers Elliott (asphalte) est quelque chose d'absolument extraordinaire.
J'ai ensuite traversé la région qui était, du temps de l'apartheid, le Transkei, du nord au sud, pour rejoindre la côte. Malheureusement, le temps est passé au gris pendant trois jours, donc peu de photos. Néanmoins, j'ai passé un très bon moment, près de l'océan, entourée par la forêt tropicale. Au programme : marche et repos. Enfin non, la marche je ne l'ai pas faite. J'ai passé la soirée précédente à faire la fête avec deux jeunes Françaises (Amandine et Camille), danseuses émérites, et deux sud-africains (Rex et Bob), qui comme moi, n'en croyaient pas leurs yeux. Le lendemain, je n'étais pas en état pour un effort physique...
Aujourd'hui, me revoilà dans les montagnes : le Drakensberg. Beaucoup plus connu des touristes. Et demain, je vais marcher, pour de bon cette fois.

jeudi 13 octobre 2011

Urbanisme (3)

le centre de Graaf-Reinet

un des township


Graaf-Reinet en entier

Nature (2)






Nature et urbanisme (1)

Grand changement cette semaine sur le TDM5C : après être arrivée à Port Elisabeth, j'ai décidé d'arrêter là mon trajet à vélo et de continuer en voiture. J'y pensais depuis quelques jours. En effet, la fatigue physique s'est accumulée. Avec elle, la motivation pour affronter les grandes étapes solitaires, qui sont presque la règle en Afrique du Sud, s'est évaporée. Depuis deux jours donc, je voyage dans une Kia Picanto. Xena est coincée à l'arrière. Le bon côté, c'est que je vais pouvoir visiter plus de lieux qu'à vélo. Pour info, l'Afrique du Sud est plus de deux fois plus grande que la France, avec environ cinquante millions d'habitants. De plus, je vais pouvoir visiter les parcs et réserves naturelles, ce qui est impossible à vélo (je vous laisse imaginer la rencontre d'un cyclotouriste et d'un lion).
J'ai d'ailleurs déjà commencé. J'ai visité deux parcs nationaux et une réserve privée.
Je ne vais pas faire la liste des animaux observés, plus ou moins longtemps, pour une fois ce sera "spécial photo". Enfin presque. Juste une petite remarque sur les rhinocéros. Le braconnage est en forte recrudescence. Je trouvais déjà la croyance dans les soi-disants vertues de la corne stupide, mais après avoir vu deux de ces animaux brouter de l'herbe aussi paisiblement que des vaches vosgiennes, je pense qu'il manque quelques neurones à ceux qui achètent cela à prix d'or.
Je suis passée par Graaf-Reinet, une petite ville au nord de Port Elisabeth, entourée par les montagnes. Retour dans le climat aride. En montant sur les hauteurs, on voit distinctement l'organisation urbanistique habituelle des villes sud-africaines (en tout cas celles que j'ai vues jusque là et c'est à nuancer pour les grandes villes). Il y a un centre, avec les magasins, les services et les maisons des Blancs, et autour, plus ou moins visibles, les townships des Noirs. C'est également vrai dans le village de Nieu Bethesda (1 000 hbts), un peu le bout du monde, car la route asphaltée n'arrive pas jusque là. En Afrique du Sud, sans doute plus que partout ailleurs, rien n'est simple. Je ne peux pas m'empêcher d'évoquer l'actualité, je ne sais pas si cette information a été diffusée en dehors du pays. Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix, avait invité le Dalaï Lama, pour fêter son 80ème anniversaire (celui de D. Tutu) et participer à une conférence. Le gouvernement sud-africain a refusé de donner un visa. Eh oui, dans le pays de Nelson Mandela. Bon, j'ai une très mauvaise connexion aujourd'hui : le reste des photos dans un autre message.